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Cher lecteur,

Nos députés s’écharpent actuellement sur le budget, perdus au milieu de milliers d’amendements. Inutile de commenter ici les nouveaux impôts en discussion : nul ne sait encore lesquels seront réellement adoptés. Mais une chose est certaine : l’imagination fiscale française n’a jamais été en panne.

Pendant que le Parlement s’agite sur la manière de tondre le contribuable, un autre problème bien plus profond se profile. Le moteur économique de la France, la consommation des ménages, est en train de caler avec une progression de seulement 0,1 % au troisième trimestre 2025.

Les Français épargnent comme jamais

Le taux d’épargne financière vient de dépasser les 10 %, selon les dernières données disponibles. Historiquement, il se situe plutôt autour de 5 %. Autrement dit, les Français gardent aujourd’hui deux fois plus d’argent sous le matelas qu’à l’accoutumée.

 

taux d'épargne France et Europe

Source : Eurostat INSEE

 

Placements financiers ménages France

Source : INSEE

 

C’est le signe d’une défiance grandissante envers l’avenir. Quand la confiance se délite, on épargne. Et quand on épargne, on consomme moins.

Moins de consommation, moins de recettes fiscales

En 2024, la consommation des ménages représente environ 52 % à 53 % du PIB. Pour chaque euro dépensé, l’Etat en prélève près de 42,8 centimes sous forme d’impôts, de taxes et de cotisations (prélèvements obligatoires).

Si les Français dépensaient seulement la moitié de cette épargne excédentaire, cela générerait des milliards de recettes supplémentaires dans les caisses de l’Etat. Mais comme cet argent dort, le manque à gagner fiscal est colossal.

Etant incapable de réduire ses dépenses, l’Etat cherche mécaniquement à taxer autrement. Et puisque les Français dépensent moins, il vient chercher l’argent là où il se trouve : dans l’épargne et à travers de nouvelles taxes.

Cela peut prendre la forme d’une hausse de la TVA, d’une surtaxe sur les dépenses contraintes comme l’énergie, d’une pression accrue sur les revenus du patrimoine ou de la mise en place d’un impôt sur l’épargne.

Qui épargne, et pourquoi ?

Motivation épargne par classe d'âge

Source : INSEE 

 

Les motivations sont multiples en fonctions des tranches d’âge mais la raison « Avoir des réserves en cas de coup dur » prédomine, peu importe l’âge.

Oui, les Français sont plus responsables et précautionneux que leurs politiques… Ils souhaitent avoir des réserves en cas de coup dur pour faire face à l’avenir. Incertitude économique, peur du chômage ou crainte d’une fiscalité future plus lourde pèsent sur leur confiance dans l’avenir…

Mais cette situation ne fait pas les affaires de l’Etat car plus d’épargne = moins de consommation = moins de recettes fiscales = un déficit public qui se creuse davantage.

C’est un paradoxe cruel : plus les Français mettent de l’argent de côté pour se protéger, plus ils creusent involontairement le déficit de l’Etat.

La confiscation L’impôt sur l’épargne, une idée qui chemine chez les « ponctionnaires »

Il n’y a pas d’erreur dans mon sous-titre et vous avez bien compris ce qui est en train de se passer.
Si la tendance économique actuelle se poursuit, l’Etat ne restera pas inactif. Faute de croissance réelle, il cherchera à transformer la prudence des ménages en ressource fiscale.

Après l’impôt sur la fortune improductive, viendra l’impôt sur l’épargne improductive. Dans un premier temps 2 millions, puis 1,3 million, puis pourquoi pas 200 000 €. Il n’y a pas de limite si c’est pour sauver le « modèle Français ».

Ce sera une forme de mise en place d’un taux négatif sur votre épargne pour répondre aux besoins de financement d’un Etat aux abois.

Vous pensiez qu’une confiscation de votre épargne était impossible. Eh bien nous y sommes presque et cela n’a pas l’air d’émouvoir plus que ça le grand public.

Gardez à l’esprit qu’un pays qui vit au-dessus de ses moyens finit toujours par ponctionner ceux qui vivent encore en dessous.

Et tant que la France refusera de réduire son train de vie, chaque euro épargné deviendra tôt ou tard un euro convoité par le fisc.

Ionès Jaoulane
Directeur des Investissements aux Publications Agora

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