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Cher lecteur,

Ces dernières semaines, il était finalement judicieux de ne pas vous polluer l’esprit avec des impôts et des taxes qui n’avaient aucune chance d’aboutir. L’impôt sur la fortune improductive, les trouvailles fiscales de couloir, les effets d’annonce recyclés… beaucoup de bruit pour pas grand-chose. On repart donc de zéro, et désormais nous ne commenterons que ce qui sera définitivement adopté. Le reste n’a pas de valeur.

L’Assemblée nationale vient en effet de rejeter quasi-unanimement la partie recettes du budget 2026. Un seul député a voté pour. Tous les autres, de la gauche au RN en passant par une partie de la majorité, ont estimé que le texte n’était pas seulement bancal mais totalement irrecevable.

Cent vingt-cinq heures de débats partent ainsi en fumée et le budget retourne au Sénat dans sa version initiale, débarrassée des amendements votés à l’Assemblée. Le gouvernement minimise, parle encore de compromis et d’ajustements possibles, mais personne n’est dupe. Ce vote traduit une perte de confiance nette, presque humiliante, dans sa capacité à présenter un budget crédible.

Pour l’instant, rien n’est voté, rien n’est stabilisé, rien n’existe vraiment. La France se retrouve sans budget, et l’année 2026 s’approche. Ce rejet n’est pas un accident mais un rappel à la réalité. Tant que les recettes reposeront sur des bricolages ou des paris politiques, elles resteront des recettes théoriques.

Nous verrons prochainement ce qui passe réellement le mur du vote. Le reste, comme on vient de le voir, ne mérite pas plus d’attention qu’une promesse de campagne en fin de meeting.

Pendant ce temps, les départements français suffoquent

faillite départements France

Les départements français suffoquent financièrement. Pendant des années, ils ont cru que la rente des transactions immobilières était infinie : une partie des frais de notaire leur revenait directement. Cette illusion s’épuise avec la baisse significative des transactions immobilières.

Frais de notaire : une manne pour les départements

Les frais de notaire s’élèvent à 7 % à 8 % du prix d’un bien immobilier (3 % à 4 % pour le neuf). Ils sont composés de droits de mutation, émoluments du notaire et frais annexes.

La majeure partie des droits de mutation revient aux départements. Moins de transactions = moins de recettes dans les caisses des départements…

On peut se demander ce qu’ils imaginaient avec la hausse des taux : une augmentation des transactions, vraiment ? Il n’y a aucun économiste qui travaille dans les départements ? Dommage…

Aujourd’hui, 54 départements flirtent avec la faillite. Plusieurs affichent une épargne nette négative : après remboursement de leur dette, rien ne reste. Ils sont étranglés par la hausse des dépenses : personnel + 3,3 %, aides sociales (RSA, APA, PCH), charges d’intérêt + 11,8 % en 2024.

L’Etat a créé un fonds d’urgence, relevé récemment à 600 M€, mais les aides arrivent au compte-gouttes. Résultat, les impôts fonciers vont augmenter fortement à partir de l’année prochaine dans plusieurs départements.

Un parallèle historique frappant avec l’Empire romain avant sa chute : au IIIᵉ siècle, il taxait lourdement ses provinces pour financer armée et administration. Les provinces, malgré leurs ressources, se sont retrouvées exsangues. Aujourd’hui, les départements français subissent le même sort : incapables de compter sur un soutien constant, ils doivent puiser davantage dans la poche de leurs administrés.

C’est beau tout ça mais on fait quoi maintenant ?

Si vous détenez une assurance-vie en fonds euros, ne vous fiez pas aux avantages fiscaux ou successoraux : le risque réel est déjà là car 70 % de ces fonds sont de la dette d’Etat français. L’illusion de « sortir avant les autres » est dangereuse ; en cas de panique, vos contrats seront gelés comme ceux de tous les épargnants…

Personnellement, je ne laisserais jamais mes fonds en euros dépasser 10 % de mes actifs financiers, ni plus de 70 000 € par assureur. Ce plafond correspond à la protection du Fonds de Garantie des Assurances de Personnes (FGAP) : au-delà, votre capital n’est plus couvert.

Surveillez deux indicateurs clés :

  • taux d’emprunt français à 10 ans : au-delà de 5 %, le scénario noir peut se déclencher ;
  • encours des contrats d’assurance-vie et d’épargne retraite : en dessous de 1 400 Mds€ (≈10 % des flux sortants), un gel devient probable.

Agir maintenant peut faire la différence entre protéger et perdre votre capital…

Ionès Jaoulane
Directeur des Investissements aux Publications Agora

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