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Cher lecteur,

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : rien que sur les six premiers mois de l’année 2025, le déficit public français atteint déjà 111,1 Md€. Entre le premier et le deuxième trimestre, la dette augmente de 70,9 Md€, après +40,2 Md€ au trimestre précédent.

Ce montant pouvant paraître abstrait pour le commun des mortels, je vais tenter de le rendre un peu plus concret. La France compte 41 millions de foyers fiscaux. Sur ces 41 millions, seuls 19 millions (45 %) ont payé l’impôt sur le revenu en 2024. 111,1 Md€ représentent donc 5 847 € de dette supplémentaire par foyer fiscal payant l’impôt sur le revenu. Une addition salée pour seulement six mois de (non) gestion politique que le pays et les contribuables ne sont tout simplement pas capables d’assumer.

La taxe Zucman : l’art de monopoliser le débat sur une goutte d’eau dans un océan de déficits

« Taxons ces salauds de riches et le problème sera réglé. » Eh bien non. Même dopée à son maximum, la taxe Zucman ne rapporterait que 25 Md€. Une goutte d’eau : pour combler le déficit des seuls six premiers mois de 2025, il faudrait la multiplier par 4,5 et ponctionner 9 % de chaque fortune dépassant 100 M€. Un scénario digne de l’utopie fiscale.

Le constat est brutal : le problème ne réside pas dans le niveau des impôts, mais dans l’efficacité et le montant des dépenses publiques. La France vit largement au-dessus de ses moyens. Tant que clientélisme et déni politique persistent, la facture ne fera que s’alourdir.

Un déficit qui s’inscrit dans la durée

Cette explosion du déficit n’est pas un accident. Depuis 2019, le déficit public français connaît une tendance inquiétante :

  • 2019 : 72,8 Md€ ;
  • 2020 : 211,5 Md€ ;
  • 2021 : 160,9 Md€ ;
  • 2022 : 124,9 Md€ ;
  • 2023 : 154,0 Md€ ;
  • 2024 : 169,6 Md€ ;
  • Premier semestre 2025 : 111,1 Md€.

Total : 1 004,8 Md€ de dettes en plus en six ans et demi.

Malgré les hausses d’impôts mises en place cette année, le déficit reste massif, soulignant les limites des mesures fiscales face à la structure même des dépenses publiques.

Une pression fiscale qui atteint ses limites

La France semble avoir franchi le point critique décrit par la célèbre courbe de Laffer : au-delà d’un certain seuil, chaque augmentation d’impôt diminue les recettes en dissuadant l’activité économique et en incitant à l’exil et la fraude fiscale.

 

recettes fiscales France

Ainsi :

  • lorsque le taux d’imposition est nul (0 %), les recettes fiscales sont nulles ;
  • au fur et à mesure que les taux augmentent, les recettes fiscales s’accroissent ;
  • au-delà d’un certain seuil (appelé le « taux maximal efficient » ou « taux optimal d’imposition »), si le taux continue de croître, les recettes fiscales diminuent ;
  • si le taux d’imposition atteint 100 %, les recettes fiscales redeviennent nulles, car personne n’accepterait de travailler ou de produire si tous ses revenus étaient confisqués.

La France, championne du monde de la fiscalité

Un graphique vaut mieux qu’un long discours.

 

ratio impôt PIB France

Source: OCDE

 

Avec un ratio Impôts/PIB supérieur à 45 %, nous sommes les champions du monde de la pression fiscale. Retraités, cadres, entrepreneurs, professions libérales, jeunes diplômés : tous ressentent le poids de cette pression et certains songent même à quitter le pays. Selon une étude Ipsos (2024), 34 % des Français de 18 à 40 ans envisagent de s’expatrier. Quelles sont les principales motivations pour s’expatrier ? En tête, 46 % des répondants citent la recherche d’une meilleure qualité de vie, suivie par la découverte d’une nouvelle culture (32 %) et une rémunération plus attractive (27 %).

Derrière ces raisons positives, se dessine également un sentiment que « l’herbe est plus verte ailleurs » : 22 % cherchent davantage de liberté (face aux impôts ou à l’administration), 21 % visent de nouvelles opportunités professionnelles, et 20 % souhaitent échapper à un certain sentiment d’insécurité en France.

Nous savons que de nombreux contribuables aisés en France ont recours depuis des années à l’optimisation fiscale pour réduire leur imposition : montages via des holdings, utilisation intensive des notes de frais ou autres stratégies d’ingénierie fiscale. Ces pratiques suggèrent que la France pourrait déjà se situer au‑delà du point optimal de la courbe de Laffer, là où des taux trop élevés incitent à contourner l’impôt plutôt qu’à l’acquitter pleinement.

Les recettes fiscales : des hausses qui ne suffisent plus

Au premier semestre 2025 :

  • recettes fiscales nettes : 258 Md€, +3,8 % par rapport à S1 2024 ;
  • impôt sur le revenu : +0,7 % ;
  • impôt sur le capital : +8,3 %.
  • Le contraste est clair : malgré la hausse de la fiscalité sur les hauts revenus et le capital, l’Etat continue d’accumuler de la dette.

La dette publique : une montagne qui grossit

 

dette Maastricht dette nette

 

Au 30 juin 2025, la dette publique atteint 3 416,3 Md€, soit 115,6 % du PIB, un niveau record.

Ces chiffres mettent en lumière une réalité simple mais ignorée par la majorité des décideurs : l’Etat dépense trop, malgré des recettes en hausse, et toute nouvelle taxe ne suffira pas à redresser la situation.

Continuer à augmenter les impôts ne réglera pas le problème. La solution passe par une efficience accrue des dépenses publiques, une réflexion sur le niveau global des dépenses et une stratégie pour retrouver une croissance à la hauteur du train de vie que l’on vise. Tant que cette logique n’est pas adoptée, la France continuera d’accumuler dettes et déficits.

Le risque du gel d’une partie de votre épargne se profile déjà à l’horizon

La semaine dernière, nous avons vu que vos placements en assurance-vie et en épargne retraite en fonds euros comportent certains risques, car 70 % des encours sont de la dette française. Dès lors, si vous décidez de récupérer une partie de vos liquidités sur ces placements que nous jugeons à risques, que faire de ces sommes ?

Aux Publications Agora, nous recommandons d’allouer environ 10 % de ces actifs financiers dans de l’or physique. Les prix étant actuellement élevés ; si vous n’en avez jamais acheté, il est préférable de le faire progressivement. Une fois acquis, ne vous préoccupez plus des fluctuations des cours : oubliez votre or, et vous nous remercierez dans dix ans.

La semaine prochaine, nous verrons comment vous pouvez vous protéger contre la mise en place d’un contrôle des capitaux, similaire à ce qu’ont connu les Grecs lors de la crise de la dette souveraine, et comment diversifier vos actifs financiers pour ne pas dépendre uniquement des investissements libellés en euro.

Ionès Jaoulane
Directeur des Investissements aux Publications Agora

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